La révolte des gilets jaunes est probablement le fait social et peut-être même sociétal le plus important de ces dernières années en France, je garde pourtant pour ma part une préférence viscérale pour les "Nuits Debout" qui à mon sens portaient des combats bien plus fondamentaux, mais passons, c'est passé, et cela n'a pas réveillé les consciences comme je l'espérais, c'est ainsi. Je n'y participe pourtant pas pleinement pour différentes raisons, non pas que je ne sois pas en accord avec une partie des revendications et des colères exprimées, mais surtout parce que je viens de retrouver un emploi qui me bride, et aussi, il faut le dire, parce que je crains qu'une fois de plus on ne tire pas les bon leviers, on ne s'attaque pas aux vrais responsables, on n'emmerde pas les bonnes personnes en ne s'occupant que des conséquences et des symptômes, sans aller chercher la(es) racine(s) du mal.
Je n'irais pourtant pas me ranger dans les rangs des naissant "foulards rouges", car à choisir je revêtirais tout de même plus volontiers le gilets-jaunes, ce qui me vaudrait, une fois n'est pas coutume, de me situer dans une mouvance qui semble vraiment majoritaire, ça me change profondément de l'ordinaire dans lequel je milite pour des idées globalement minoritaires et portées par des minorités. À moins qu'une fois de plus, en ne ménageant ni la chèvre ni le choux et en défendant le droit de rester lucide et libre au point de ne point se placer trop étroitement sur cet échiquier trop simpliste, je n'évolue encore dans une minorité qui tente de regarder plus profond, mais sans doute est-ce là quelque peu prétentieux de ma part.
Je l'ai dis, je me répète, je crois que le socle de nos sociétés, basées sur le capitalisme privatif est le coeur du problème, si l'on parvenait à remettre en cause totalement cette vision sociétale, et à cette condition seulement, on pourrait repartir sur d'autres fondations pour y élever d'autres constructions moins inégalitaires, ne parlons même pas de véritable égalité sans doute humainement inatteignable !
C'est donc toute la structuration sociétale qui est à ébranler, et à remettre en cause, et pas seulement les décisions politiques du moment, je dis bien pas seulement, ce qui signifie que je soutiens tout de même certaines de ces luttes éparses, et une partie des protestations parfois antagonistes à première vue, ou qui le sont même vraiment tout bien considéré, mais qui ne disent pas pour autant que, passées les urgences sociales, l'idéal sociétal ne s'en trouve pas revitalisé par les nouveaux ponts qui se dressent et les nouvelles alliances possibles, qui auront permis les échanges et les élargissements d'esprits.
L'établissement d'une société socialement moins inégalitaire rebattrait toutes les cartes, l'inquiétude qui peut légitimement atteindre une large part de nos concitoyens face à cette pression fiscales injuste, je ne dis pas injustifiable, entendons nous bien, mais inégalitaire, inversement proportionnelle aux capacités financières réelles et donc injustifiée dans ce sens et pour cette raison là, cette inquiétude là donc n'aurait pas lieu d'être !
Les plus riches à titre privé, où à l'échelle des entreprises, sont celleux qui se voient offrir institutionnellement et administrativement les plus larges possibilités à se soustraire à la juste participation aux taxes et impôts, grâce à de plus en plus sophistiquées "optimisation fiscales", qui ne sont autre choses que ce que je considère comme une désolidarisation organisée, et comme ces largesses ne suffisent pas encore aux plus égoïstes et égocentristes d'entres-eux, au point qu'ils organisent ou se font aider pour tricher et étendre leurs soustractions à la participation au bien commun à travers de nombreuses et de plus en plus sophistiquées "évasions fiscales", qui ne sont autre choses que ce que je considère comme du vol organisé.
Ceci n'aurait jamais dû être acceptable, et pourtant ceci est devenu l'état de fait que les politiques n'enrayent pas faute d'être eux même tributaires et bénéficiaires de ces systèmes qui viennent les cadenasser structurellement, l'état de notre sociétés en est la démonstration.
C'est donc bien à ces fondements là qu'il faut s'attaquer, aussi inquiétant que cela puisse paraître, enrayer la machine économique par tous les bouts, celle la même que paradoxalement on se prend parfois à défendre de peur d'en perdre les "avantages" durement acquis, mais qui pernicieusement nous emprisonne dans une fausse liberté, et qui sert surtout les plus malveillants ou indifférents au sort des autres, à s'en servir à nos dépends pour nous flouer et nous faire taire. Réduire nos consommations, alors qu'il nous semble les percevoir comme nos seuls moyens d'existences, comme les seuls "plaisirs" qu'on puisse attendre de l'existence, piège artificiel de cette société de consommation qui nous a trompé.
Bien que déjà dégradé, nous ne bénéficions d'un tel pouvoir d'achat et de nuisances qu'au dépend du reste de la planète et de celleux qui s'échinent et y crèvent pour y contribuer en espérant parvenir ielles aussi à ce faux Everest du bien être, nous portons alors en plus la responsabilité d'entraîner derrière nos traces le reste de la planète vers un futile et illusoire Eldorado, insoutenable et suicidaire autant que fallacieux et faux.
Ne serait-ce pas parce que les écarts ne cessent de s'amplifier exponentiellement que l'injustifiable inéquitable répartition des richesses, pourtant produites par les masses laborieuses, je parle là des vrais richesses matérielles, pas de celles virtuelles des bourses mondiales, est devenu insupportable, imaginons un instant que celle-ci soient vraiment réparties, partagées, équilibrées, qu'en serait-il alors de nos aspirations ?

Nous subissons la violence du système sociétal qui pourtant à été conçu pour protéger prétendument celleux qui y participent et le composent, à le défendre nous nous instituons finalement comme nos propres agresseurs, plus encore donc qu'aux fruits que ce système nourri insurgeons nous contre l'essence de cet ordre monétaire, remettons le à notre service, et pas le contraire, l'avenir écologique qui a besoin de l’assentiment d'une très large majorité n'est possible que dans un monde socialement partagé et partageur.