Voilà que les mesures de compensation des atteintes à la biodiversité vont être accessibles au public (comprendre aussi "compensation écologique"), une stratégie de com pensée, faute de vraiment mettre en œuvre les deux premiers volets du triptyque Eviter Réduire Compenser ?
Outre que cela ne changera rien aux pertes de biodiversité enclenchée par les infrastructures et travaux déjà engagés, comment le public pourrait bien estimer la pertinence et la justesse des mesures de compensations ? Celles et ceux qui s'y penchent vraiment, en arrive quasi systématiquement à cette même conclusion : " les mesures compensatoires se heurtent à de nombreuses limites et s’avèrent un moyen d’action très insuffisant face au rythme actuel de l’artificialisation des sols. "
L'évitement est savamment et quasi systématiquement évincé, rien n'a changé de ce côté là, la réduction souvent réduite à peau de chagrin, il ne reste plus, c'est con, qu'à panser !
La vrai compensation ce serait de dupliquer ce qui est détruit pour le transplanter ailleurs, mais cet ailleurs sur lequel ont viendrait greffer cette copie conforme d'une zone répliquée, se verrait lui aussi gommer, éradiquer, qui'est-ce qui le compenserait lui à son tour ?
Cette réaffectation d'un milieu que l'on transforme pour en faire une réparation d'un autre n'est qu'une autre destruction d'une autre biodiversité particulière.
Encore une fois on laisse au maître d'ouvrage le soin et la responsabilité d'évaluer, de diagnostiquer, certes il y a des contrôles à posteriori, mais qui peut croire qu'une fois le dossier présenté il est possible de le dénoncer dans sa totalité, cela arrive à l'exemple récent de GCO mais si rarement, l'exemple de NDDL à la compensation pourtant impossible l'a prouvé en ce sens que cette impossible compensation n'a en rien enrayé le projet qui sans décision politique d'un tout autre ordre aurait été, malgré ce manquement à la loi, engagé.
Il me semble que les mesures de compensations, qu'on peut (parfois, souvent, toujours ?) assimiler à une permission de détruire, pour peu qu'on soit vraiment obligé d'en arriver là, et cela après avoir vraiment d'abord essayé d'éviter de nouvelles infrastructures de toutes natures, devraient être évaluées par un service, ou une mission, ou une agence ou un organisme indépendant, qui établirait cette substitution et mettrait en demeure le maître d'ouvrage de s'y conformer.
On est pas dans ce monde là, ce monde là à besoin de chantiers pour faire tourner la machine, occuper les emplois et surtout faire fructifier le porte feuille des actionnaires et actionner le système financier, parce que leur vision du progrès c'est la croissance, enfin la leur !
En cherchant une image pour illustrer ce billet, celle-ci que j'ai trouvé drolatique m'a semblé parlante : on met une croix sur l'évitement, on poursuit sans réduire ses intentions, car rien n'est égal à la compensation, qui soit dit en passant à évidemment la faveur du système parce que ça fait des marchés à prendre et du pognon à se faire !