Celui qui le dit sait de quoi il parle, et la teneur de ces propos renforce presque étonnement les arguments des ONG et ou autres organismes et organisations militantes pour une réorientation, à la fois des pratiques agricoles, mais aussi et surtout du commerce qui les entourent.
Si la redistribution de l'alimentation était mieux encadrée, et améliorée il y a bien plus de nourriture produite que ce dont tous les êtres humains ont besoin, celui qui le dit n'est autre qu'un ancien rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.
Y-a-t-il quelqu'un de mieux placé, de mieux informé, qui pourrait avoir autant de légitimité, y-a-t-il quelqu'un qui pourrait contredire encore ces dires et ces faits, nous pourrions nourrir largement la population mondiale ( le 2 fois du titre de l'article est un peu racoleur, l’interviewé, ayant dit 'pratiquement deux fois' !).
Le seul obstacle, au fond, n'est pas technique, il est de nature politique.
Ainsi conclut-il, et c'est bien, ce que je défends comme idée depuis longtemps, en soutien de nombreux citoyens engagés.
J'ajouterais toutefois que des obstacles techniques existent bel et bien et d'ailleurs Olivier De Schutter les a identifiés, et est pleinement conscient que l'orientation à la fois 'technique et politique' de l'agriculture industrielle et intensive est erronée, il le résume en ces termes :'Je suis inquiet que l'on continue de prôner les vieilles recettes de la libéralisation des produits agricoles, qui ont prouvé qu'elles échouaient. Libéraliser, ça veut dire mettre en concurrence les agricultures du monde entier, sacrifier les moins compétitives et encourager une agriculture focalisée sur l'exportatrice plutôt que sur les cultures vivrières.'
c'est à la fois encourageant et inquiétant, encourageant car le diagnostique est bon, décourageant car cela met en évidence un manque de volonté politique scandaleux et mortifère, rien de réjouissant là dedans donc.
Que ce constat, soit fait à ce niveau là ne peut que soutenir nos combats pour un changement radical de l'orientation des politiques agricoles et alimentaires. Du citoyen conscient aux plus haut sommet des instances internationales, plus personne ne peut prétendre qu'il ne savait pas, on sait tous maintenant ce qu'il ne faut plus faire, et ce vers quoi il faut tendre, si on veut vraiment mettre les peuples et la sécurité alimentaire en priorité dans ses choix.