Voilà un article que je tiens à partager, car il exprime bien ce que je ressens vraiment :
http://www.mondomix.com/actualite/1545/cadtm-la-dette-ecologique-expliquee-aux-consommateurs.htm
Dans un article récent, Mondomix évoquait les pollutions qui découlent des politiques préconisées par les institutions financières internationales, comme le FMI ou la Banque Mondiale. Votre association va plus loin en parlant d'une "dette écologique". De quoi s'agit-il ?
Nicolas Sersiron : La dette écologique est
double. Il y a, d’une part, une dette sociale et historique et, de l'autre
part, une dette environnementale. Ces deux dettes se recoupent, bien sûr.
La dette sociale et historique correspond à l'esclavage et au
colonialisme. A l'exploitation des peuples du sud, de la force de travail de ces peuples qui ont fourni des matières premières aux pays colonisateurs. Cette dette n'a jamais été réparée,
ni même reconnue, puisqu’il y a encore des gens qui veulent des lois sur les bienfaits du colonialisme, ce passé noir. Pourtant, tout le monde sait qu'il y a des dizaines de millions d'Africains
qui ont été enlevés de leur pays pour aller cultiver de la canne à sucre, du coton, du tabac, etc., dans les Caraïbes et en Amérique.
Et puis, il y a la deuxième partie, environnementale, qui est le résultat de l'extractivisme, l’extractivisme étant l’appropriation des matières premières par quelques uns, de la privatisation des biens communs. On extrait des matières premières mais on se les approprie sans les payer, ou presque, et on les transforme dans notre pays. Cette appropriation des matières premières est très ancienne. On pourrait parler, par exemple, de l’or du Pérou, sans lequel l’Europe ne serait pas si riche aujourd’hui. On a donc accumulé une dette. Maintenant, on va chercher du pétrole au Gabon, qu'on ne paie pas à son vrai prix, on se contente d’une enveloppe à un dictateur.(...)
Qui est redevable de cette dette écologique ? Les citoyens des pays riches, comme, par exemple, la France, ont-ils quelque chose à se reprocher ?
Nicolas Sersiron : Je pense que culpabiliser des individus ne sert absolument à rien, parce qu'ils ont été
instrumentalisés. Est-ce qu'un consommateur de pétrole est coupable d'avoir réchauffé la planète en utilisant sa voiture? Pas vraiment. Responsable? Oui. Parce que c'est lui qui réchauffe, mais,
coupable, non parce qu’on lui a répété pendant des années qu’il fallait consommer, consommer, consommer, que c’est comme ça que on fait marcher l'économie. Il est soumis à une espèce de pression
du confort qui a été mise en place par les capitalistes pour en tirer profit. Il y a un espèce de cercle vicieux : extractivisme, productivisme, consumérisme, profit. C’est très important de
comprendre cette manipulation, cet assujettissement des citoyens, devenus des consommateurs.
C'est un peu comme l'agriculture d’aujourd'hui : est-ce que l'agriculteur est coupable de mettre des pesticides partout, de polluer l'eau ? Pas vraiment. C’est le système qui le pousse à mettre des pesticides pour produire. On lui a expliqué mille fois que c’était à lui de nourrir l’humanité, que, s'il n'utilisait pas ces cochonneries, il ne remplissait pas son rôle. Donc, il n'est pas coupable mais, par contre, il est pleinement responsable parce qu'il y a d'autres solutions, qui ne sont un peu compliquées, qu’il n’a pas apprises, vers lesquelles on ne le pousse pas. L'instrumentalisation des acteurs économiques, c'est quelque chose d'hyper important.