J'ai déjà exprimé combien il me parait inconcevable que des gouvernements puissent vendre des parties de leurs territoires, après en avoir parfois exproprié les habitants, ou parfois sans tenir aucun compte de ce qu'ils pourra bien advenir d'eux, c'est inqualifiable, innommable.
Deux nouveaux exemples sont malheureusement d'actualité, et viennent s'ajouter à la déjà longue liste des cas de cession de partie de terre à des sociétés privés, au plus grand mépris des autochtones.
Alors que plusieurs milliers de personnes souffrent actuellement de la famine dans la corne de l'Afrique, le gouvernement éthiopien a décidé de céder 245 000 hectares de terres agricoles à des compagnies étrangères pour y pratiquer une agriculture d'exportation. C'est ce que révèle l'enquête deSurvivalInternational, qui précise que ces grandes étendues sont cédées à des compagnies malaisiennes, italiennes et coréennes, ou sont directement gérées par l'État. Le gouvernement envisage de cultiver principalement de la canne à sucre. Or, ces terres fertiles sont également le lieu de vie de nombreuses tribus indigènes. 90 000 autochtones vivent dans cette région et dépendent de ces terres pour leur survie. Ils ont été réduits au silence et ont l'interdiction formelle de s'adresser aux étrangers ou aux journalistes.
Je ne connais pas d'action possible contre ce premier exemple, par contre pour le second, je vous invite à signer comme moi l'appel de "Peuples-Solidaires"
http://www.peuples-solidaires.org/appel-urgent_mauritanie/
Il y a un an, les populations de Boghé(1) apprennent par un simple avis au public préfectoral que 40 000 hectares de leurs terres vont être « mis à disposition » d’une entreprise saoudienne. Depuis, elles n’ont obtenu aucune information précise sur le projet. Or, il y a quelques semaines, la préfecture a publié un nouvel avis sous forme d’ultimatum, invitant toute personne utilisant ces terres à produire un titre de propriété sous 60 jours. La propriété étant traditionnellement transmise de manière héréditaire et informelle, des dizaines de milliers de personnes risquent d’être privées de leurs moyens de subsistance !
« Toute la population de la Moughataa s’est fortement mobilisée pour manifester et marquer ainsi son opposition à toute forme de dépossession non concertée de leur unique source de vie, la terre. Que deviendra cette frange de la population si toutes les terres cultivables et tous les espaces pastoraux lui sont arrachés et donnés à d’autres ? »déclare M. N’Diaye Saïdou Yéro, Secrétaire général de la Coordination départementale de Babadé du Comite de suivi du foncier, constituée suite à l’annonce du projet.
Avec le soutien des organisations de défense des droits humains et des organisations paysannes mauritaniennes, réunies au sein du Comité de Suivi de la Sécurité Alimentaire (CSSA), les populations se mobilisent et ont rencontré à de nombreuses reprises les élu-e-s de la région et les autorités administratives pour demander, entre autres, l’abandon du projet.
Des enfants, des femmes, des hommes vivent là depuis des générations, ils ont vécu, entretenu ces territoires, communié avec, les en déposséder est un crime, et je pèse mes mots !
La famine sévi et l'on se sépare de terres vivrières, je qualifie cela pour ma part de crime contre l'humanité.