Lorsque l'on parle des pesticides, les agriculteurs sont en première ligne, s'il est vrai qu'ils en sont les plus gros utilisateurs, il est injuste de ne s'en prendre qu'à eux car en plus d'être les premières victimes des ravages sur la santé, ils sont pour la plupart prisonnier d'un système qu'ils n'ont pas forcément souhaiter.
Nous tous en tant que consommateurs sommes en grande partie responsable de cette situation, en effet si le calibrage, et l'esthétique, entraînent des cahiers des charges drastiques que les réseaux de distributions font supporter aux agriculteurs, nous ne pouvons pas les en accuser.
Ce sont donc nos habitudes qu'il faut aussi remettre en cause.
Il y a donc toute une machinerie qui s'est établie au fil des ans, faites de nécessités, et d'intérêts.
Extrait :
Au sein d'une agriculture française très structurée, convaincre chaque agriculteur de lever le pied sur le pulvérisateur de pesticides n'est peut-être pas le plus grand défi. Car que pèse le discours vertueux face aux pressions de la coopérative dont il dépend pour écouler sa production ? Peut-il risquer de se retrouver avec ses pommes ou son blé sur les bras ?
La coopérative impose ses propres critères, exige des rendements, tout en fournissant les conseils et parfois les pesticides qui permettent d'y parvenir. Elle rédige des cahiers des charges très précis pour répondre aux exigences de la grande distribution, voire de l'usine agroalimentaire dans laquelle elle a elle-même souvent des intérêts. Le terme de "coopérative" désigne en effet des groupements de dimension internationale aux intérêts diversifiés. Le chiffre d'affaires de In Vivo par exemple, spécialisée dans les céréales, dépasse 6 milliards d'euros, Sodiaal (lait) 4 milliards et, Triskalia, la polyvalente bretonne, 2 milliards.
Aucun règlement n'interdit "qu'une même personne morale prescrive ou au moins recommande des traitements phytosanitaires et vende les produits permettant de les réaliser", soulignent les parlementaires dans leur rapport. "Dans l'écrasante majorité des départements, s'inquiètent-ils, les coopératives agricoles jouent les deux rôles dont la synergie apparaît malsaine."
"PROBLÈME LANCINANT DES CONFLITS D'INTÉRÊTS"
Ils dénoncent en outre le "problème lancinant des conflits d'intérêts" au sein des groupes d'experts qui conseillent les pouvoirs publics sur la toxicité des produits. Quant aux chambres d'agriculture, qui comptent nombre de dirigeants de grandes coopératives à leur tête, elles continuent de jouer un rôle central en impulsant ou non des changements de pratiques chez leurs adhérents. Le plan Ecophyto repose sur elles pour la constitution d'un réseau d'exploitations de référence, les fermes Dephy, qui souhaitent jouer le jeu de produire autant en réduisant les intrants.
C'est par elles encore que passe la formation des agriculteurs, qui sera couronnée par un certificat, le Certiphyto, obligatoire à partir du 1er octobre 2014. Les distributeurs d'herbicides, fongicides et autres insecticides devront eux aussiobtenir un agrément.