Ce rapport demandé par le gouvernement, et bloqué par Nicolas Sarkozy lui-même dès qu'il fût disponible.
Seul l'aspect concernant le nucléaire civile sera rendu public.
Voici un premier regard par la FNE.
communiqué de presse
vendredi 30 juillet 2010
Déluge nucléaire au cœur de l'été !
Le rapport Roussely sur l'avenir de la filière française du nucléaire civil enfin rendu public, sous forme de synthèse (expurgée du confidentiel défense ?). Le Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire qui remet son avis sur la gestion des matières et déchets radioactifs. Le Président de la république annonçant que EDF sera le chef de file du nucléaire français à l'exportation associé à AREVA. EDF qui reconnaît deux nouvelles années de retard pour l'EPR de Flamanville. N’en jetez plus ! Tout ceci part du fait que le nucléaire français va mal, à l'intérieur comme à l'extérieur. C'est la raison du rapport Roussely.
Des projets de réacteurs en forme de chantiers-écoles
Un premier élément commun réside dans les déboires graves des deux chantiers des réacteurs EPR, celui d'AREVA en Finlande et celui d'EDF à Flamanville. Pour Maryse Arditi, pilote du réseau Risques industriels de FNE : « Rappelons que cela fait 20 ans que ni EDF, ni AREVA n'ont construit un réacteur de A à Z et que les compétences se sont estompées. Tous les intervenants doivent réapprendre à faire. En fait, ces 2 réacteurs sont des chantiers-écoles comme il en existe dans tout le secteur de la formation professionnelle, mais on n'a pas osé nous les présenter ainsi ! ». Dans ces conditions, FNE rappelle sa demande de moratoire sur Penly 3, le temps que Flamanville soit terminé et expérimenté 3 années.
Des exportations menacées
Depuis des années, EDF exporte le courant (la France garde les déchets) et AREVA exporte (ou tente d'exporter) les réacteurs. Pour poursuivre l'exportation du courant, EDF est confronté à une indisponibilité croissante du parc de réacteurs pour cause, entre autres, de vieillissement. Cela ne va pas s'arranger avec le temps ! Le rapport Roussely part de l'idée que nos réacteurs vont durer non pas 40 ans, mais 50 ans, voire 60 ans, ce qui n'est pas sans soulever des questions fondamentales sur la sûreté, comme l'illustre l'état de santé de Fessenheim, centrale de seulement 40 ans ! Il en déduit que la seule activité possible pour le nucléaire civil français est à l'exportation. Et Roussely de s'apercevoir que l'EPR est inadapté pour des pays sans compétences fortes en nucléaire : trop gros, trop complexe, trop dangereux, nécessitant un surcroît de sécurité difficile à opérer ! D'où l'idée de créer de nouveaux « objets nucléaires » plus aisément commercialisables.
De la mine aux déchets
L'uranium que nous utilisons vient du monde entier, sauf de la France. Au Niger, les conditions d'extraction par AREVA sont scandaleuses pour la santé des populations. En France, AREVA – COMURHEX traite le quart du nucléaire mondial dans son usine à Narbonne et rejette les sous-produits dans des bassins à l'air libre. Après passage dans un réacteur, la France est un des rares pays à s'être lancé dans le retraitement du combustible. La raison est historique : la récupération du plutonium pour la bombe. Depuis, on lui a cherché et trouvé un autre usage dans les combustibles des réacteurs civils en mixant uranium et plutonium et en utilisant un peu d'uranium appauvri.
Mais le retraitement est une impasse. Même en envoyant des déchets en Russie, même en qualifiant de « matière », des déchets dont on dit qu'ils serviront plus tard, il ne permet d'économiser qu'autour de 10% d'uranium au prix d'un risque supplémentaire considérable : les milliers de tonnes de combustibles entreposés à La Hague (pour mémoire, ce site est le seul qui a vu son espace aérien protégé après 2001, un avion sur la Hague ferait des dégâts inimaginables).
Et la question des déchets n'est toujours pas réglée : ni les déchets hautement radioactifs à vie longue dont le rapport Roussely dit qu'il faut accélérer la démarche pour l'enfouissement, ni les déchets moyennement radioactifs à vie longue pour lesquelles aucune solution n'est en vue, sans compter la quantité phénoménale de déchets qui vont émerger du démantèlement ! Aucune industrie dangereuse n'a été autorisée à se développer à une telle échelle sans avoir au préalable trouvé une solution pour les déchets. Encore une spécificité du nucléaire !
Les propositions du rapport
Le rapport Roussely fait feu de tout bois :
il propose de sortir la politique énergétique du MEEDDM pour en faire un Ministère à part entière, rattaché au Premier Ministre avec une direction dédiée au
nucléaire
il met en garde contre l'ASN qui donne des avis de façon un peu trop indépendante : « L’exercice du droit et du devoir de communication de l’ASN concerne des sujets complexes et est
particulièrement délicat. Il convient d’éviter que des événements de portée très limitée conduisent à jeter une suspicion injustifiée sur l’ensemble d’une technologie. »
il suggère que la France se dote d'une gamme de réacteurs nucléaires diversifiés à proposer à l'exportation en évitant d'en rajouter sur la sécurité : « La seule logique raisonnable ne peut pas
être une croissance continue des exigences de sûreté. »
il suggère de chercher à prolonger la durée de vie des centrales jusque 60 ans
Il ne manque qu'une seule chose dans le rapport : la date du prochain accident grave !