Il est des combats pour lesquels les dés sont pipés,des adversaires en lices aux forces disproportionnées, le pot de terre contre le pot de fer, mais souvenons nous, il y a parfois des défauts dans les plus solides cuirasses, des portes dérobés dans les meilleurs pare-feu, des David contre des Goliath !.
Cette fois-ci, il semble que pour cette bataille, la victoire soit allé aux géants industriels face à un syndicat régional dont un homme est le fer de lance, mais qui sait, qui sait si la prochaine bataille rendra le même verdict ?.
Extraits :
Il pique au vif, revient sans cesse à la charge et il y en a que ça énerve. GillesLanio a cela en commun
avec les abeilles qu'il élève. Quand on y touche, il devient à lui tout seul un essaim en colère. Ce quinquagénaire têtu vit à Kervignac où il s'occupe de quelques ruches qui ont souffert ces
dernières années. Dans le champ voisin, un agriculteur, aidé du colosse agricole local, la Cecab, a décidé de semer, en avril dernier, du maïs enrobé de Cruiser. Cet insecticide, tout frais sorti
des laboratoires de la multinationale suisse Syngenta, est dénoncé par l'immense majorité des apiculteurs comme très toxique pour les abeilles. Qualifié de «dangereux» pour elles par la notice
d'emploi du fabricant, il est autorisé «provisoirement» en France depuis 2008, alors que l'Allemagne et l'Italie l'interdisent.
Lanio contre les géants
D'un côté, deux géants économiques: la Cecab, 1,6milliard d'euros de chiffre d'affaires et Syngenta, plus de six milliards de dollars. De l'autre, GillesLanio, qui raconte comment des colonies
sont mortes ou l'ont échappé belle dans les jours qui ont suivi le semis... «Le problème, c'est que je n'ai pas de preuves, que des soupçons. Il est très dur de faire reconnaître une
mortalité». (...)Contacté, Arnault Gatignon, directeur de
l'agrodistribution du groupe, explique, non sans énervement, que le Cruiser est utilisé «de façon très marginale, en fonction des risques de la parcelle vis-à-vis des insectes. C'est un usage qui
est totalement raisonné. On peut faire confiance à l'État pour autoriser ou non ces produits». «On travaille beaucoup mais regardez les moyens qu'on a», déplore un fonctionnaire spécialisé au
niveau national, qui dit avoir l'interdiction de communiquer sous peine de finir au placard. À Rennes, le directeur régional de l'agriculture et de l'alimentation reconnaît la difficulté de faire
des contrôles au moment du semis. «Quant aux enquêtes menées sur les quelques mortalités d'abeilles signalées ces deux dernières années, les analyses étaient négatives concernant le Cruiser»,
assure LouisBiannic. En attendant, à Kervignac, la récolte du maïs est faite depuis longtemps. Pour faire son miel, Gilles Lanio attendra.