J'ai eu l'occasion de partager avec des ami·e·s et relations de luttes diverses ces derniers temps, et je ne doute pas que je ne sois pas le seul à vivre cette étonnement, cette incompréhension profonde en moi pour laquelle je ne parviens pas vraiment à trouver d'explications rationnelles, même si j'ai bien quelques pistes d'entendement et d'analyses, au constat de la faiblesse actuelle de la lutte anti-nucléaire civil et militaire et plus particulièrement du devenir de ses déchets.
Je n'avais pas besoin qu'une personnalité mal médiatisée comme "Michelle Rivasi" tente de nous le rappeler pour avoir, à titre personnel, décidé de prioriser ce thème dans ma vie militante et active sans abandonner de nombreuses autres causes, mais pour y concentrer plus d'énergie.
Qu'est-ce qui fait donc qu'un sujet pourtant si important, comme le résume "radiAction" dans ce document, soit tant en retrait dans l'ordre des luttes les plus soutenues en France ?
Si j'avais un semblant de réponse je ne serais pas tant décontenancé par ce constat, sans doute que l'inconscient collectif national sent combien nous sommes prisonnier énergétiquement, pour ce qui est de notre consommation électrique, de l'invraisemblable part du nucléaire dans la production d'électricité, une dépendance totale à vrai dire, incongrue, imbécile, follement et fondamentalement dangereuse à tout points de vues.
Ce choix maintenu qui a enferré la France dans une telle dépendance, confine à la folie, plus et pire qu'une erreur stratégique c'est une mise en danger structurelle qui pourrait bien à (court) terme s'avérer comme une catastrophe économique inextricable, en espérant qu'elle ne soit pas provoquée ou suivie par une catastrophe nucléaire, l'une pouvant effectivement provoquer l'autre et inversement, sans oublier que cette autre catastrophe en cours qu'est le réchauffement climatique, va rendre le risque nucléaire encore plus prégnant et probable !
La lutte contre le réchauffement climatique est maintenant, à raison, considérée comme le sujet majeur, la cause la plus importante à défendre, et j'en partage la nécessité et y participe surtout en modifiant autant que possible mes propres habitudes et manières de vivre. La dénonciation de l'utilisation mortifère des pesticides de toutes natures et la revendication que je soutiens de les voir disparaître à pris une ampleur qui ne permettra plus d'éviter un changement radical là aussi. Malheureusement malgré la dimension cruciale, primaire et essentielle de ce qui est la cause native de la plupart des maux de l'humanité je déplore que le capitalisme de profit ne soit pas davantage mis en cause et condamné.
Le nucléaire n'est donc pas le seul sujet que je voudrais voir pris à bras le corps par une part grandissante de la population mais il revêt à mon sens une plus grande urgence immédiate dans la mesure ou se joue maintenant l'orientation de la non-gestion des déchets, à travers ce choix aberrant de l'enfouissement et l'avenir de la production d'électricité puisque de nombreux réacteurs arrivent en fin de vie et que se pose donc la question de prolonger dangereusement et aventureusement ces réacteurs actuels pourtant déjà reconnus comme mal en point. L'hypothèse de la poursuite et du renouvellement du parc nucléaire est sur la table avec la demande d'EDF de construire de nouveaux réacteurs alors même que l'EPR de Flamanville ne produira peut-être pas le moindre kWh.
Pour ce qui est du nucléaire militaire que dire, si ce n'est qu'il est indéfendable. Comment un pays comme le notre pourrait un jour s'abaisser à ce point à utiliser des bombes nucléaires qui ne servent donc plus à rien tant le caractère des relations internationales à changé, les guerres ne sont plus de même nature.

C'est donc bien la fin du nucléaire, fausse solution contre le réchauffement climatique et plus mauvaise solution pour produire de l'électricité qui est à envisager et exiger maintenant, et ce devrait être une priorité absolue en France alors qu'il semblerait bien qu'au niveau européen la cause soit entendue, je ne manque pas tout de même de faire part d'une certaine réserve quand à cette dernière information qui demande à être confirmée dans sa teneur réelle.