Comme la croissance verte entretien le consumérisme, la gestion des déchets ne risque-elle pas de servir d'excuse à en produire ?
Le cas très emblématique des incinérateurs insuffisamment alimentés qu'il faut pourtant continuer de nourrir à l'exemple des pays nordiques comme la Suède et la Norvège qui ont du se tourner vers l'importation de déchets, est révélateur. Le constat déjà documenté depuis quelques années de la surcapacité européenne en terme d'incinérateurs, n'a pas empêché en France des projets fous de constructions de nouveaux brûleurs qui heureusement ne vont pas aboutir si j'ai bien compris.
Un exemple, en France, plus de la moitié des plastiques que l'on mets dans les sacs jaunes en croyant qu'ils seront recyclés, finissent en réalité incinérés, en cause "l'impureté des gisements", c'est à dire, d'une part les salissures et autres dégradations et d'autre part les mélanges inappropriés qui génèrent l'impossibilité ou tout au moins l'inaptitude économique à mettre en œuvre le tri et l'optimisation des séparations et préparations des différents plastiques pour réellement les recycler ! En Inde, inversement, plus de la moitié d'entres-eux sont recyclés !
Retrouver l'esprit chiffonniers pour tout réemployer ne peut certes pas être dénigré, au contraire, il faut que cela soit vraiment encouragé et soutenu, comme le prône Baptiste Monsaingeon auteur du livre Homo-détritus chroniqué sur France Inter ici à partir de 15 minutes 56 secondes de l'émission "La tête au carré" du 04 mai 2017, et là sur le Monde, mais il y a le risque d'entretenir par là le système qu'il faudrait abattre.
Les créations technologiques et avancées dans la récupération et la gestion des déchets sur terre comme dans les océans par exemple, ne doivent pas masquer le vrai problème de fond, c'est à la source qu'il faut agir en créant le moins possible de produits dont on ne sait que faire vraiment après, en réfléchissant en amont le devenir et la destinée des matières employées, produire moins et mieux !