Si on m'avais dit encore ce matin que ce soir j'en viendrais à chercher des mots que je veux sans violence, mais fermes et si possible percutants et incisifs pour m'adresser à des femmes et des hommes dont je ne comprends pas les motivations, et pour lesquels à l'heure qu'ils est, je ne ressens qu'un incompréhensif dégout, j'aurais eu peine à y croire pour le moins, j'en suis pourtant là !
Je me suis résolue à cette tentative que je sais par avance probablement tellement vaine, que d'aucuns considérerons que c'est une perte de temps inutile et futile, mais pour moi le temps ce n'est pas de l'argent, et si ce n'est même que pour moi, je crois nécessaire d'essayer de verbaliser un malaise si traumatisant, qu'il vaut qu'on tente l'impossible pour le résorber.
Je tente de m'adresser à vous, même si je crains que ces mots ne vous atteignent jamais, ni au sens propre ni au sens figuré, mais je ne me serais pas tu, j'aurais essayé, je m'adresse à vous parce que vous êtes sous ces uniformes des femmes et des hommes, parce que hors de ces uniformes vous êtes des citoyens comme les autres, avec votre propre libre arbitre, que vous avez comme tous les autres citoyens, des familles, des amis, des connaissances, des relations avec des voisins, des autres, qui partagent certains de vos hobbies ou de vos passions.
Mesdames et messieurs, femmes et hommes qui revêtez ces uniformes que vous avez choisi d'endosser pour maintenir "l'ordre" dans les textes, avez vous conscience que ceux qui se servent de vous, vous utilisent pour provoquer le désordre dans les faits ?
J'en appel à votre humanité, face à vous, ces enfants, ces femmes et ces hommes pourraient être vos enfants, vos femmes, vos amis, vos voisins, si d'ordinaire la légitimité de vos interventions face à des casseurs, des destructeurs de bien publics, qui usent de violences volontaires à votre égard peut vous être accordée, au moins en partie, je m'omettrais pas d'affirmer que je considère que même dans ces cas là il vous arrive d'outrepasser le stricte nécessaire, si d'ordinaire disais-je vous exercez vos missions de manière plus ou moins bien-fondée, je ne peux croire que vous ne soyez pas conscient que depuis la promulgation de l'état d'urgence, la validité des mesures de répression à l'encontre de citoyens paisibles, est nulle et non avenue.
Cette répression est injuste, injustifiable, et constitutionnellement peut-être même illégitime !
Ces coups là ne resteront pas sans laisser de traces profondes, de rancœur sans doute tenace, et de sentiments de rapport brisé entre la population et les forces qui sont censé la protéger, car c'est bien là le propre de ses missions, protéger les citoyens des violences et des incivilités qu'on voudrait lui faire subir, ces violences et ces incivilités, lui sont prodiguées par ceux la même qui devrait en être le rempart.
L'heure des comptes viendra, l'impunité ne durera pas, vos donneurs d'ordres, sont plus attachés à leur propre sécurité et protection qu'à vous et vos attributions, le temps viendra où vous ne leur servirez plus car ils vous auront remplacé par des machines encore plus serviles, et impassibles, et ce temps là est proche, vous gouterez alors aux mêmes affres que celles et ceux que vous maltraitez maintenant, vous pourriez vous retrouver à côté de celles et ceux à qui vous faites face en ces jours aussi troubles qu'ils sont pourtant porteur d'espoir, vos propres enfants vont devoir assumer les décisions que vous prenez aujourd'hui en soutenant les décideurs et leurs complices qui veulent les asservir.
Ce que l'on vous donne l'ordre de défendre conditionne votre propre prochaine disparition, vous pouvez comprendre cela j'en suis persuadé, vous avez le choix, défendre la population, ou participer à son asservissement, servir de rempart à la violence, ou en être le vecteur, c'est votre choix, pensez-y.